De la poubelle au trésor : Repenser le regard sur les déchets

Par Sarah Reeves, Directrice, Geocycle Canada, membre de Lafarge Canada

Ayant grandi dans une communauté rurale d'une petite ville située à l'extérieur de Vancouver, je n'ai jamais eu l'occasion de voir des camions à ordures rutilants ou des stations de transfert bien gérées. Je savais parfaitement où aboutissaient nos déchets, car toutes les deux semaines, je devais charger la voiture de mon père avec nos poubelles et conduire 20 minutes avec lui jusqu'à la décharge locale où nous payions pour nous débarrasser de nos déchets. Je me souviens avoir vu la décharge et m'être dit : « et maintenant, que se passe-t-il? ».

Par définition, un déchet est quelque chose qui est jeté parce qu'il ne vaut rien, qu'il est défectueux ou qu'il ne sert à rien. En 2022, les Canadien(ne)s ont produit 36,5 millions de tonnes de déchets solides, ce qui, compte tenu de notre population, signifie que nous produisons un peu moins d'une tonne de déchets par habitant(e)! Sur ces 36,5 millions de tonnes, seules 9,9 millions de tonnes ont été détournées de la mise en décharge, ce qui signifie que 26,6 millions de tonnes de déchets ont abouti vers des décharges.1

Cela soulève une question importante. Les Canadien(ne)s produisent-ils vraiment 26,6 millions de tonnes de déchets qui ne peuvent pas être réutilisés? La réponse évidente est non. Les Canadien(ne)s ont bénéficié d'abondantes ressources naturelles disponibles, ce qui a réduit l'urgence d'explorer des solutions alternatives ou de maximiser l'utilisation des ressources. C'est pourquoi le Canada a commencé à faire des progrès dans l'élaboration d'une stratégie d'économie circulaire et de lignes directrices qui peuvent aider à réduire la pression exercée sur nos ressources naturelles. Chez Geocycle Canada, cette conviction remonte aux années 1970, lorsque nous nous appelions Systech Environmental Services et que nous avons commencé à mettre sur pied nos programmes de carburants et de matières premières de substitution.

En réfléchissant à ma première année à la tête de l'équipe de Geocycle Canada, je suis fière de voir tout le chemin parcouru pour faire avancer l'économie circulaire vers un avenir sans déchets. Récemment, nous avons mis en service avec succès deux nouvelles usines de combustible à faible teneur en carbone au Canada (Alberta et Nouvelle-Écosse) qui contribueront à réduire considérablement la dépendance des cimenteries de Lafarge Canada envers les combustibles fossiles traditionnels, à établir des taux de substitution thermique (TSR) records dans les usines et à accroître l'utilisation de matières premières de remplacement de plus de 9 %. Rien de tout cela n'aurait été possible sans le dévouement inébranlable de nos fantastiques employé(e)s, qui travaillent chaque jour pour faire progresser ce changement. Notre étroite collaboration avec Lafarge Canada et sa volonté de repousser les limites de ce qui peut être co-traité et détourné des décharges ont également contribué à notre succès. Enfin, nous devons beaucoup à nos partenaires et à nos fournisseurs, dont l'engagement à trouver des solutions novatrices pour leurs déchets a été la clé de notre succès.
 

Usine LCF de Geocycle Canada en Nouvelle-Écosse

Un projet en particulier mérite d'être souligné : notre avancée historique vers des pratiques industrielles durables avec la mise en service de l'installation de pointe Low Carbon Fuel2 (LCF) à Brookfield, en Nouvelle-Écosse. La Cimenterie de Lafarge de Brookfield fait partie de la communauté depuis sa mise en service en 1965 et a fait l'objet de plusieurs initiatives au fil des ans pour réduire sa consommation de combustibles fossiles traditionnels. Tel qu’annoncé en septembre, l'installation ultramoderne - soutenue par un investissement de plus de 10 millions de dollars - marque la transformation la plus importante de la Cimenterie de Brookfield en près de 50 ans. Soutenue par une subvention de 3,53 millions de dollars du Programme d'innovation énergétique du gouvernement fédéral canadien, l'initiative est une étape clé dans l'avancement des technologies d'énergie propre pour soutenir la transition du Canada vers une économie à faible émission de carbone. 

Lorsqu'elle fonctionnera à plein régime, la nouvelle installation LCF réduira la dépendance de la Cimenterie de Brookfield envers les combustibles fossiles traditionnels et diminuera les émissions de carbone de plus de 12 000 tonnes par an3, ce qui équivaut à retirer 13 480 véhicules de la circulation4. Après une mise en service réussie, l'installation a déjà commencé à prétraiter six tonnes et demie (6,5) de plastiques et de fibres non recyclables par heure pendant la phase de montée en puissance, avec pour objectif de prétraiter jusqu'à huit (8) tonnes par heure pendant la phase d'optimisation. Cette initiative novatrice démontre non seulement l'engagement de Lafarge et de Geocycle à l'égard des opérations durables, mais représente également une étape cruciale vers l'obtention d'avantages environnementaux substantiels pour la communauté et au-delà.

Les efforts collectifs de Geocycle et de Lafarge Canada dans plusieurs provinces démontrent notre engagement audacieux et ferme envers les objectifs de développement durable du Canada. Qu'il s'agisse de l'installation pionnière de combustible à faible teneur en carbone à Brookfield, en Nouvelle-Écosse, ou de la volonté d'augmenter rapidement les pourcentages de TSR et d'ARM, ces initiatives reflètent une stratégie unifiée visant à décarboniser l'industrie du ciment, à réduire les déchets d'enfouissement et à faire progresser les principes de l'économie circulaire. En misant sur des technologies novatrices et en investissant dans des solutions d'énergie propre, Geocycle et Lafarge ne se contentent pas de réduire leur empreinte carbone, mais favorisent également la croissance économique et l'engagement communautaire. Ces projets sont essentiels à la transition du Canada vers une économie à faible émission de carbone et servent de modèle pour les pratiques industrielles durables à l'échelle nationale. Alors que nous continuons à accroître notre portée avec plusieurs autres projets à l'horizon, Geocycle et Lafarge Canada réaffirment leur rôle de leaders de l'industrie, engagés dans un avenir plus vert et plus résilient.

J'ai enfin trouvé la réponse à la question que je me suis posée il y a tant d'années : « Et maintenant, que se passe-t-il? » La réponse est claire : un avenir sans déchets est non seulement possible, mais essentiel. Chaque personne, entreprise, gouvernement et municipalité a un rôle à jouer pour en faire une réalité. L'économie circulaire n'est pas une entreprise singulière ou exclusive ; elle nécessite une action collective. Nous devons tous tirer parti des technologies nouvelles et émergentes pour augmenter les taux de recyclage et de détournement. Là où des lacunes persistent, nous devons sortir des sentiers battus pour trouver des solutions qui transforment les déchets en ressources précieuses.
 

RESOURCES

1 https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/indicateurs-environnementaux/reacheminement-elimination-dechets-solides.html

 2  Les combustibles à faible teneur en carbone (ou à plus faible teneur en carbone ou à faible teneur en carbone de remplacement) sont définis ici et dans certaines juridictions canadiennes comme des combustibles dont les émissions de carbone sont inférieures à celles des combustibles fossiles qu'ils remplacent, ce qui, dans le cas de la Cimenterie de Brookfield, est le charbon.
3   Applicable aux émissions de l'usine du champ d'application 1 avec des réductions déterminées selon la méthodologie WBCSD/WCI.
4  Chiffre calculé à l'aide du calculateur d'équivalences de gaz à effet de serre de Ressources naturelles Canada.