Le gravier ne devrait pas voyager - de l’importance de l’utilisation des granulats recyclés

Par Rob Cumming, Chef, Développement durable et Affaires publiques, Lafarge
« Les granulats, dans quoi les trouves-t-on? Dans tout! » C'est ce qu'annonçait une publicité que j'ai aperçu sur un panneau d'arrêt d’autobus il y a quelques années. Les granulats sont au cœur de nos vies: du carbonate de calcium dans le dentifrice, du calcaire dans le papier, du gravier et du sable dans le béton, tout comme dans chaque route et pont que nous construisons. Leur importance pour notre économie est considérable ; chaque Canadien(ne) en utilise plus de 14 tonnes par année, soit plus de 560 millions de tonnes de granulats par an pour le pays.
Il y a de nombreuses années, un expert de l'industrie de la construction m'a dit : « Le gravier ne devrait pas voyager », et cette phrase m'est toujours restée en tête. Le coût pour extraire, concasser, nettoyer et analyser les granulats est rapidement dépassé par le coût de leur transport, et celui-ci augmente considérablement pour chaque kilomètre de distance entre le lieu d’exploitation et le client.
Il est donc surprenant de voir que nous ne recyclons pas davantage de granulats. En effet, les granulats peuvent être produits à partir de résidus de démolition de bâtiments, de ponts et de routes. Ils se situent souvent à proximité de là où ils sont nécessaires pour de nouveaux bâtiments, ponts et routes — c'est tout comme d’avoir une carrière tout près. Compte tenu du coût élevé et des délais pour l'obtention de permis d’opération, il semble que le recyclage devrait être une solution évidente. Certaines municipalités, ministères et entreprises sont des exemples brillants dans le réemploi et le recyclage des granulats, mais d'autres vont jusqu'à interdire leur utilisation.
Pourquoi cela? Ce que j'ai entendu, c'est qu'il n'y a pas d’incitatifs à utiliser des matériaux circulaires et, pire encore, leur utilisation est considérée comme un risque environnemental. Bien qu'il existe aujourd'hui des programmes de contrôle de la qualité, un matériau vierge est préféré par prudence. Tout cela vient du fait qu'un producteur a fourni par le passé des granulats recyclés de mauvaise qualité.
Le moment est venu de revisiter nos conceptions sur les matériaux circulaires. Considérons ce qui suit :
- De nombreuses études ont démontré que la qualité des granulats recyclés peut être équivalente à celle des granulats vierges. Le Dr Soliman de l'Université Concordia a mené une étude qui montre que les granulats recyclés peuvent répondre aux mêmes normes de qualité que les granulats vierges. Son équipe présentera cette étude lors d'une session spéciale de petit-déjeuner le 17 avril au Sommet de l'Économie Circulaire à Montréal. L'équipe expliquera les exigences essentielles du processus pour garantir la qualité nécessaire.
- De nouvelles normes de qualité sont désormais en place pour les producteurs.
- De nombreuses municipalités incluent avec succès des granulats recyclés dans leurs appels d'offres et appliquent des clauses contractuelles strictes pour garantir la qualité.
Notre appel aux acheteurs et aux constructeurs est triple :
- Autoriser les granulats recyclés dans les appels d'offres.
- Réaliser des projets pilotes pour amasser des données et démontrer la qualité du matériau.
- Exiger un contenu recyclé minimum pour les projets là où ces matériaux sont facilement disponibles.
Avançons ensemble pour la circularité de notre économie, car le gravier ne devrait pas voyager.